Né à Lyon, j'ai célébré mes 60 ans le 22 décembre 2019. La vie est un long voyage, et le mien a véritablement commencé à 16 ans, lorsque j'ai intégré la Marine Nationale à l'École des Mousses.

Ce fut un grand saut dans l'inconnu : quitter Lyon, ma famille, mes amis d'enfance... Mais cette expérience s'est avérée être une véritable école de la vie. Elle m'a ouvert les portes de la Bretagne, une région qui m'a profondément marqué, au point que je n'ai jamais envisagé de retourner vivre à Lyon.

Après dix années au sein de la Marine, j'ai embrassé une carrière de près de 30 ans dans le domaine de la communication.

En 1976, mon père a joué un rôle clé dans ma décision de rejoindre la Marine. Bien que mes parents aient été fiers de moi, je sais qu'ils ont parfois souffert de mon absence. Mon père était un modèle pour moi, un repère. Il m’a transmis des valeurs essentielles, toujours avec patience, optimisme et bienveillance. Il a été présent dans les moments de bonheur comme dans les épreuves, et jusqu’à la fin, il savait apaiser mes doutes d’un simple regard ou d'un mot.

Peu avant son décès, il m'a confié une phrase qui a profondément résonné en moi, m'amenant à réfléchir à ma vie sous un autre angle. « Parfois, une seule décision peut tout changer » ; c’est ce qu’on appelle l’« effet papillon ». La décision que nous avons prise ensemble, celle de rejoindre la Marine, a eu d'innombrables répercussions. Deux ans avant son décès, après avoir regardé une émission de télévision dans laquelle je figurais, il m’a dit :
« Tu es devenu un vrai cuisinier maintenant. Si tu n'étais pas parti dans la Marine, tu aurais peut-être été cuisinier à Lyon. Nous avions l'opportunité de te faire entrer chez Bocuse… Je me demande ce que tu ferais aujourd'hui ? Sans doute un très grand chef ! »

Ces mots ont ravivé en moi un rêve longtemps enfoui : celui d’une carrière de cuisinier, une voie que je n'avais jamais explorée pleinement. Je me suis imaginé une vie à travailler aux côtés de chefs étoilés, parcourant les plus grandes cuisines, et pourquoi pas, un jour, chez « La maison Bocuse ». La cuisine a toujours été ma passion, et les chefs étoilés sont nos phares, nos mentors.

J’ai eu la chance de côtoyer des grands noms de la cuisine comme Olivier Bellin, Yvon Morvan, Philippe Le Bigot, Julien Marseault, Fred Claquin, Guillaume Pape, Loïc Le Bail, Anthony Hardy, David Bergot, et bien d’autres.

J'ai également participé à des repas aux côtés de nombreux chefs étoilés pour « Les Bouffons de la Cuisine », avec Michel Trama, Patrick Jeffroy, David Royer, Mathieu Menguy, Jacques Thorel, Bernard Rambaud, et bien d’autres.

Une phrase du Président Macron en 2018 a particulièrement résonné en moi :
« Si vous êtes prêt et motivé, dans la restauration, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens. Je traverse la rue, je vous en trouve... »

À 56 ans, après un licenciement économique, j'ai moi aussi « traversé la rue » pour entamer une reconversion. J’ai obtenu mon CAP de cuisine et j'ai transformé ma passion en métier.

Mes 17 participations à des émissions de télévision m'ont permis de me former, de me renforcer et de me préparer à relever de grands défis dans ce domaine.

Aujourd'hui, après avoir été formateur en cuisine, j'exerce ce métier avec bonheur. Pourtant, j'ai refusé de laisser le regret des opportunités manquées m'envahir. Ces maisons prestigieuses où je n'ai jamais travaillé, je voulais les découvrir, ne serait-ce que brièvement, pour ne rien avoir à regretter.

Un soir, j'ai demandé à Yvon Morvan, chef étoilé, combien de maisons étoilées un chef pouvait faire au cours de sa carrière. Il m'a répondu : « Au moins 4 ou 5, ce serait un record ! »

Pour mes 60 ans, j'ai décidé de relever un défi personnel : « 20 jours dans les étoiles ». Yvon est devenu mon parrain et m'a ouvert les portes de nombreux grands chefs.

Très peu de personnes dans le monde peuvent se targuer d'avoir travaillé dans 20 établissements étoilés. Accomplir cela représente pour moi un véritable exploit, une réalisation personnelle marquante.

Comme on dit : « On n’est jamais trop vieux pour avoir un nouveau but ou un nouveau rêve... »